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Féru de littérature française et étrangère, ma plume sévit dans diverses colonnes de journaux, de sites internet pour partager ce goût qui m´anime. Que détracteurs ou admirateurs n´hésitent pas à réagir à mes chroniques.

mercredi 29 décembre 2010

Chronique de janvier 2011




L´exil intérieur d´Imre Kertész, (à propos de son livre Journal de Galère).


Lorsqu´en octobre 2002, l´Académie Nobel a annoncé le lauréat de son prix annuel de Littérature, le monde du livre et de l´édition fut frappé de stupeur : qui était cet écrivain hongrois dont nombre de critiques littéraires de par le monde n´avaient jamais entendu parler ?

Né le 9 novembre 1929 à Budapest dans une famille juive, Imre Kertész est déporté à l´âge de 15 ans dans le camp d´Auschwitz- Birkenau et libéré à Buchenwald en 1945, une expérience concentrationnaire qu´il a magistralement racontée dans son livre Être sans destin. De cette expérience, de cette descente aux enfers, on n´en sort pas indemne. Peut-on d´ailleurs reproduire par écrit l´indicible ? Adorno nous a laissé un message que beaucoup de rescapés des camps n´ont pas suivi : on ne peut pas écrire de la poésie après Auschwitz. Parmi ceux qui ne l´ont pas suivi, on peut citer comme un des exemples les plus emblématiques de persévérance mais aussi d´inconfort parmi l´expérience des camps de la mort le nom de Paul Celan, poète juif né en Roumanie et qui s´exprimait en allemand, la langue des tortionnaires des camps de la mort. Une langue belle, poétique et musicale, la langue allemande que les bourreaux d´Auschwitz et d´autres camps de la mort ne sont pas parvenus à noircir de leur cruauté ni à tacher de leur sang immonde. Pourtant, le virus de la mort n´a jamais cessé de tarauder les esprits nobles et raffinés comme celui de Paul Celan qui en 1970 se suicidait à Paris comme il a hanté aussi d´autres grands écrivains rescapés des camps comme le Polonais Tadeusz Borowski, l´Autrichien Jean Améry(en fait Hans Mayer)ou l´Italien Primo Levi qui se sont tous suicidés.

Mais pour en revenir à Imre Kertész, ce n´était nullement facile d´être un rescapé des camps, pour deux raisons fondamentales : l´impossibilité de traduire sur-le-champ cette expérience ou l´indisponibilité des gens pour l´entendre. La société- y compris dans les pays qui avaient été occupés par les troupes nazies- voulait effacer à tout prix ce passé récent assez encombrant.

Pour Imre Kertész, l´après-guerre ne fut pas une période de tout repos pour d´autres raisons : la Hongrie était du mauvais coté du rideau de fer. Les communistes avaient pris le pouvoir et le discours intellectuel était étroitement surveillé, surtout après que le printemps de 1956 fut étouffé. Pour Imre Kertész, jeune écrivain, commençait dans les années cinquante justement un exil intérieur. Vivant dans la douleur, près de ses sous, traduisant en hongrois des textes de langue allemande, Kertész a quand même écrit le long de sa vie d´une part des romans qui le rapprochaient de Camus, Kafka ou Beckett, d´autre part des réflexions sur l´expérience de l´Holocauste (voir Dossier K et Holocauste et Culture). Pendant de longues années, il a tenu un journal dont l´édition française est parue en octobre dernier chez – comme tous ses autres livres traduits en français- Actes Sud. Ce livre remarquable- entre journal intime et réflexion philosophique- intitulé Journal de Galère, écrit pendant plus de trente ans, nous permet d´accompagner la genèse de ses plus grands textes comme Être sans destin, Le refus ou Kaddish pour l´enfant qui ne naîtra pas, mais aussi ses conceptions sur la liberté, la modernité ou ses réflexions sur le totalitarisme. Près de la fin du livre –à la page 210- on trouve une phrase qui traduit on ne peut mieux la tragédie du siècle dernier : «Ce siècle, le XXe, est comme un peloton d´exécution en service continu. » En lisant cette phrase, on ne saurait oublier qu´Imre Kertész a vécu les deux grandes expériences totalitaires du vingtième siècle, le nazisme et le totalitarisme d´inspiration marxiste ou ce qu´on appelle communément le communisme. Cette expérience l´a poussé, on l´a vu, à réfléchir sur le totalitarisme en entrant d´ordinaire en dialogue avec de grands noms de la philosophie. Ses réflexions sont d´une extrême intelligence et lucidité. Ainsi celle que je me permets de reproduire ici, enregistrée en octobre 1969 :«On ne peut rien imaginer sans Himmler vomissant lors de l´exécution massive de Minsk et aussi, paraît-il, devant le judas de la chambre à gaz d´Auschwitz. Pas de doute : c´est ainsi qu´il comprenait l´impératif catégorique de Kant. – L´excellente remarque de Delarue à propos de Himmler : il prenait l´éthique au sérieux. En revanche, je ne peux pas souscrire à l´analyse du docteur Bayle : «inaptitude congénitale aux idées générales». Il me semble au contraire qu´il avait bel et bien le sens de l´abstraction, mais qu´il souffrait du manque radical d´imagination qu´on observe chez presque tous les «dirigeants». Quant à sa remarque sur le «fonctionnement quasi mécanique de la pensée (qui doit) être considérée comme une pensée pathologique», elle est juste, car ce fait est apparenté à cette maladie, à l´absence de sens des réalités, au manque d´imagination. Fondamentalement, il s´agit de la même «apathie schizoïde» que Gilbert avait déjà diagnostiquée chez Höss.»

À côté de réflexions et commentaires sur des œuvres d´auteurs qui lui sont chers comme Dostoïevski, Kafka, Celan, Camus ou Beckett, ou des philosophes comme Kant, Hegel, Pascal, Schopenhauer, Nietzsche ou Cioran, on trouve dans ces pages admirables des interrogations sur les sujets les plus divers. Ainsi peut-on lire ce commentaire sur l´homme à la page 45 : «L´homme ! Il vit, mais ne dispose pas de sa vie ; il pense, mais ne sait rien ; il vit en troupeau, mais c´est un individu ; c´est un individu, mais il est incapable de vivre seul ; il fait partie de la nature, mais il la détruit pour la transformer en biens sociaux ; et par son activité il finit par anéantir aussi bien la nature que la société. Pourtant, le pire est qu´il s´est imposé des lois qu´il n´est pas capable de respecter : ainsi, il est obligé de vivre dans le mensonge et le mépris.»

Dans ce journal, l´exil intérieur de l´auteur est une voix dont l´écho se reproduit tout le long du livre, un exil intérieur qui à travers l´écriture a racheté l´auteur de la solitude et de l´oubli dans la grisaille communiste hongroise. Imre Kertész, né, on vous le rappelle, en 1929, était encore un jeune intellectuel lorsque l´ère communiste s´est amorcée, il n´était pas un intellectuel mûr et réputé comme son aîné Sándor Márai, né en 1900, que nous avons évoqué ici en février 2009, Sándor Márai qui est parti en exil, passant par l´Italie et voyageant par d´autres pays européens avant de se fixer aux États- Unis où il s´est donné la mort en 1989, quelques mois avant l´écroulement du mur de Berlin et donc la fin des régimes communistes est-européens, dont, bien sûr, le hongrois. À la page 246 de ce Journal de Galère, Imre Kertész évoque un passage d´un autre Journal, celui de Sándor Márai où le chroniqueur des heurs et malheurs de la bourgeoise hongroise raconte un petit voyage de train qu´il avait effectué en juillet 1944 et où il avait vu à côté de la briqueterie de Budakalász sept mille juifs qui y attendaient d´être déportés parmi lesquels se trouvait celui qui était encore à l´époque un jeune de quatorze ans répondant au nom d´ Imre Kertész. Le lauréat du prix Nobel 2002 ne peut toujours pas s´expliquer la joie qu´il a ressentie rétrospectivement à l´idée d´avoir été vu par Sándor Márai alors qu´il n´avait que quatorze ans et ignorait encore que lui et tous les autres juifs seraient déportés à Auschwitz…

Dans un grand entretien accordé à Jérôme Goude et paru au numéro de novembre-décembre du magazine Le Matricule des Anges (L´excellence de ce magazine de Montpellier fait que ces derniers temps il soit régulièrement évoqué dans ce blog), Imre Kertész revient sur ce livre, son passé et la genèse d´un écrivain. Il récuse toujours le statut de victime de la Shoah : «Auschwitz est l´expérience qui m´a permis de devenir écrivain(…) À côté de la cheminée sinistre de l´Histoire, j´ai pu voir de près la fumée, sentir toutes les odeurs. À travers les lignes parallèles entre les baraques, j´ai appris l´inexorable destruction de la civilisation(…) Si l´humaniste Primo Levi a été moralement miné par l´expérience des camps, tel ne fut pas mon cas. Je n´avais que 15 ans lorsque j´ai été déporté. Auschwitz a été mon école.»

Dans cet entretien richissime où l´on peut se rendre compte de la modestie et de la grandeur d´âme de cet écrivain remarquable, il s´explique aussi sur le choix de l´exil intérieur en alternative à l´expatriation : «Une fois j´ai eu presque l´occasion de choisir l´exil, c´était en 1956, j´avais 27 ans. Ce qui m´a alors empêché d´émigrer, c´est que j´étais déjà écrivain. Mon outil de travail était la langue hongroise. À l´âge de 25 ans, j´avais déjà trouvé une justification pratique, pleine de bon sens pour moi : si tu travailles en hongrois et que tu es écrivain dans cette langue, tu vas opter pour le vrai exil, l´exil intérieur, et rester enfermé chez toi, dans ta chambrette.» Selon lui, en Amérique, il n´aurait été qu´un boy, un garçon d´ascenseur dans un grand hôtel, parce qu´il ne se reconnaît d´autre talent que celui d´écrire.

Heureusement donc, Imre Kertész n´est pas parti et son immense talent d´écrivain fait le bonheur des vrais lecteurs, ceux qui vivent peut-être eux aussi une sorte d´exil intérieur dans ce monde contemporain où la médiocrité envahit notre quotidien et transforme peut-être ces vrais lecteurs-là en une société secrète raffinée et solitaire…

Imre Kertész, Journal de Galère,traduit par Natalia Za remba-Huzsvai et Charles Zaremba,276pages,Actes Sud,2010

mardi 28 décembre 2010

Mémoire de Paul Bowles



Ce jeudi, 30 décembre, on signalera le centenaire de la naissance de Paul Bowles. Écrivain, musicien et grand voyageur, il est né à Queens, New- York et mort le 18 novembre 1999 à Tanger, la ville où il s´était fixé en 1947. Sa maison à Tanger fut un lieu de rencontre pour les écrivains de la Beat generation comme Allen Ginsberg et William S. Burroughs et d´autres grands noms de la littérature américaine comme Truman Capote, Gore Vidal ou Tennessee Williams.
Conteur, romancier et poète, son oeuvre la plus emblématique est The sheltering sky, adaptée au cinéma par Bernardo Bertolucci(traduit en quelques langues comme Un thé au Sahara ou Un thé au désert).
Auteur culte, il est également connu pour ses livres de voyage.

samedi 18 décembre 2010

Centenaire de la naissance de José Lezama Lima.



Demain, on signalera le centenaire de la naissance de José Lezama Lima, grand poète, romancier et essayiste cubain, mort à l´âge de 66 ans le 8 août 1976. L´importance que j´accorde à l´oeuvre de cet écrivain- que je tiens pour un des plus grands écrivains latinoaméricains du vingtième siècle(peut-être le plus grand avec Jorge Luis Borges)-se traduit par l´article de fond que je lui ai consacré en janvier 2008(voir les archives du blog).

vendredi 17 décembre 2010

Le centenaire de la naissance de Jean Genet



Ce dimanche, 19 décembre, on signale le centenaire de la naissance d´un grand nom de la littérature française du vingtième siècle. Excessif, marginal, engagé, Jean Genet(mort le 15 avril 1986) n´aura jamais suscité de l´indifférence. Ses séjours en prison, l´aveu sans préjugés de son homosexualité et ses prises de position politiques, notamment en défense des Black Panthers et des Palestiniens(lire à ce sujet son livre posthume Le captif amoureux)lui ont valu le mépris de certains cercles littéraires, politiques et journalistiques. Genet s´en foutait bien, lui qui n´en faisait qu´à sa tête. Il nous a laissé une oeuvre importante dans plusieurs registres: le théâtre(Le Balcon, Les bonnes...), le roman(Le journal du voleur, Querelle de Brest, Pompes funèbres, Notre-Dame des fleurs...) ou la poésie(Le condamné à mort).
Parmi les livres consacrés à Genet à l´occasion du centenaire de sa naissance,on vous conseille le récit d´un ami, l´écrivain marocain Tahar Ben Jelloun:Jean Genet, menteur sublime, aux éditions Gallimard.

dimanche 28 novembre 2010

Chronique de décembre 2010


Parlons de beaux livres, d´une soirée à Lisbonne et de Mathias Énard.


En m´inspirant du titre de dernier roman de Mathias Énard – Parle-leur de batailles, de rois et d´éléphants- qui a été en lice pour le Goncourt jusqu´au bout et qui a fini par décrocher le Goncourt, oui, mais celui des Lycéens, j´ai intitulé cet article «Parlons de beaux livres, d´une soirée à Lisbonne et de Mathias Énard» et ce parce que j´ai beaucoup aimé ce dernier livre de l´auteur et je garde dans ma mémoire le souvenir des quelques mots que l´on a échangés en juin à Lisbonne, à l´Institut Franco-Portugais, dans le cadre du Festival Silence. Personnage discret, mais de bonne humeur, il est venu dans la capitale portugaise pour la traduction de son roman Zone, dont la belle présentation de José Mário Silva a sûrement fait venir l´eau à la bouche de ceux qui n´avaient pas encore eu le plaisir de plonger dans un livre quelconque de Mathias Énard y compris moi-même qui n´ai pas peur de vous l´avouer : je n´avais pas encore lu de livre de Mathias Énard ! J´avais longtemps hésité lors de la parution de Zone en grand format, en septembre 2008, et à un moment donné j´ai failli l´acheter, mais l´avalanche de livres qui m´attendaient au chevet de mon lit, m´en a dissuadé. Aussi, lors de cette soirée lisbonnaise du 17 juin, n´a-t-on échangé que des paroles tout à fait banales sur la débâcle des Bleus en Coupe du Monde contre le Mexique, qui venait de se produire. Sous le regard complice de Claire Dupuy, l´ancienne directrice de la Médiathèque de l´Institut Franco- Portugais, je n´ai pas osé lui dire qui j´étais.

Entre-temps, un nouveau roman de Mathias Enard – Parle leur de batailles, de rois et d´éléphants- est paru en septembre dernier et deux autres sont reparus en poche, à savoir Zone justement et Bréviaire des artificiers. Je les ai tous achetés et le moins que l´on puisse dire c´est que je regrette énormément ne pas avoir découvert plus tôt l´œuvre fort intéressante de Mathias Énard.

Parle-leur de batailles, de rois et d´éléphants, ce titre un tant soit peu exotique a été soufflé à l´auteur par Pierre Michon qui cite dans un entretien l´introduction de Au hasard de la vie de Kipling : «Parle-leur de batailles et rois, chevaux, diables, éléphants et anges». Dans une interview accordée à Thierry Richard du magazine Le Matricule des Anges, Mathias Enard avoue d´ailleurs l´importance de Pierre Michon pour l´écriture de ce livre : «Michon(…) m´a montré des façons d´écrire et comment le contemporain peut s´approprier de façon très moderne des moments d´histoire sans faire du roman historique. Non pas amener le lecteur au XVIe siècle, mais amener le XVIe siècle ici.»

Ce court roman (autour de cent-cinquante pages) raconte un épisode particulier de la vie de Michel-Ange. Le peintre ne pouvait pas se passer des services de ses commanditaires du moins jusqu´à ce qu´il eût atteint un niveau qui pût lui permettre d´être maître de lui-même. Pourtant, au risque de provoquer le courroux du pape Jules II dont il était chargé d´édifier à Rome le tombeau qu´il a donc laissé en chantier, Michel-Ange débarque à Constantinople –une ville tolérante qui avait su accueillir les juifs chassés d´Espagne par le fondamentalisme des rois catholiques Isabel et Fernando- le 13 mai 1506 à l´invitation du sultan Bajazet qui lui propose de concevoir un pont sur la Corne d´Or, un pont que le grand Léonard de Vinci n´était pas parvenu à réaliser. Dans une langue belle, précise et sans fioritures, Mathias Énard d´un regard ironique nous livre les péripéties de ce séjour du peintre en nous invitant à connaître une foule de personnages, à nous promener dans les tavernes d´Istanbul, à humer les odeurs épicées d´Orient, à évoquer un amour aux teintes androgynes. Fiction ou réalité, est-on en droit de s´interroger ? Comme nous le rappelait Sébastien Lapaque dans la critique qu´il a rédigée sur ce roman pour l´édition de septembre du Magazine Littéraire« Le livre refermé, ces questions ne se posent plus. Qu´il porte son regard sur son temps ou sur une époque lointaine, l´écrivain n´est pas celui qui restitue le réel. C´est celui qui le crée». Quoi qu´il en soit, on n´ignore quand même pas que Mathias Enard, pour l´écriture de ce roman, a consulté des sources, dont la biographie du peintre par Giorgi Vasari et que l´épisode de l´invitation du sultan semble être vrai, ce qui permet à l´auteur de réfléchir un peu sur les rapports entre l´Europe et le monde musulman dans l´entretien confié au Matricule des Anges cité plus haut : «Ça(l´invitation)montre deux choses : qu´au XVI e siècle, le sultan d´Istanbul pouvait accueillir à sa cour des artistes comme Michel- Ange et Léonard de Vinci et que la ligne de faille qu´on voudrait nous faire voir aujourd´hui entre deux mondes n´a pas lieu d´être. C´est un pur produit de l´histoire idéologique des XIXe et XX e siècles. L´islam nous est extraordinairement proche et il y n´y a pas de frontières(…) Quand on oppose l´ Europe et l´Orient, on oublie que toute une partie de l´histoire de l´Europe a été musulmane : l´Andalousie, les Balkans, l´Empire Ottoman aux portes de Vienne».

Avant le coup d´éclat de Zone, roman plébiscité par la critique, Mathias Énard avait publié La perfection du tir en 2003 et Remonter l´Orénoque en 2005, toujours chez Actes Sud, l´éditeur d´Arles où sont parus tous ses livres sauf celui qui a vu le jour en 2007 aux éditions Verticales et qui vient de reparaître en poche dans la collection Folio de Gallimard, un livre au titre curieux de Bréviaire des Artificiers avec des illustrations de Pierre Marquès. Le propos est expliqué dans la page de garde. Il s´agit d´un «manuel de terrorisme à l´usage des débutants indiquant les conditions de temps et d´argent pour y parvenir, les études à suivre, les examens à subir, les aptitudes et les facultés nécessaires pour réussir, les moyens d´établissement, les chances d´avancement et de succès dans cette profession, le tout illustré de planches et de figures, enrichi d´exemples et d´interludes divertissants, propres à délasser l´âme dans l´étude.»

Le narrateur de ce bréviaire(composé d´une centaine de pages) est un certain Virgilio, nègre de peau et esclave de condition (un natif des Caraïbes) qui retranscrit de son propre aveu les conseils et les leçons que lui a donnés son maître au cours de leur vie commune. Selon son maître, il faut savoir fasciner les foules, avoir une cause à défendre (et se sacrifier pour elle) et un côté mystique ou savoir convaincre, choisir son objectif, être un peu artiste et fin cuisinier, entre autres choses. Le maître évoque parfois les grands mouvements de terreur de l´humanité, mais il se dégage souvent de ce récit un ton ironique et un humour des plus corrosifs. Les auteurs (Mathias Énard et Pierre Marquès) tiennent d´ailleurs à «décliner toute responsabilité quant aux conséquences esthétiques, morales ou digestives liées à la mise en pratique des conseils ici recueillis. Toute ressemblance avec des personnes présentes ou à venir serait certes surprenante, mais pas impossible.»

Enfin, Zone (Prix Décembre 2008 et Prix du Livre Inter 2009) est jusqu´à ce jour probablement l´œuvre la plus réussie de Mathias Énard. C´est un admirable palimpseste où la mémoire de l´Europe, des guerres méditerranéennes ou des carnages défile à travers le récit d´un voyageur de train entre Milan et Rome. Ce voyageur, Francis Servain Mirkovic, un ancien agent de renseignements, ayant officié en Algérie et au Proche- Orient, garde en mémoire les noms de nombreux acteurs de l´ombre (marchands d´armes, terroristes, commanditaires ou intermédiaires criminels de guerre en fuite, entre autres) mais la guerre en Croatie et en Bosnie l´a également poussé entre les bras de la violence la plus atroce dont il n´est pas parvenu à se dépêtrer. Un roman divisé en vingt-quatre chapitres(comme les vingt-quatre chants de l´Iliade) où les points sont rarissimes, comme si tout le roman n´était qu´une seule phrase presque interminable.

Né en 1972 à Niort, Mathias Énard a étudié le persan et l´arabe à l´Inalco(Institut National des langues et civilisations orientales) et effectué de longs séjours au Moyen- Orient. Il a traduit du persan l´œuvre de Mirzâ Habib Esfahâni, Epître de la queue et de l´arabe celle de Youssef Bazzi Yasser Arafat m´a regardé et m´a souri, toutes les deux chez Verticales, il a été pensionnaire de la Villa Médicis entre 2005 et 2006 et enseigne l´arabe à l´Université de Barcelone, la ville où il habite depuis le début du siècle et où il anime plusieurs revues culturelles.

Avec cinq livres à son actif, Mathias Enard est déjà indiscutablement, à l´âge de trente-huit ans, une des valeurs sûres de la nouvelle littérature française.

vendredi 19 novembre 2010

Tolstoï est mort il y a cent ans.




Ce 20 novembre, demain donc, on signalera le centième anniversaire de la mort du grand écrivain russe Léon Tolstoï. Auteur de Guerre et Paix, Anna Karénine, Le journal d´un fou ou La sonate à Kreutzer, Léon Tolstoï est aujourd´hui considéré comme un monument de la littérature universelle. Le meilleur hommage que l´on puisse rendre à sa mémoire c´est indiscutablement de lire ses oeuvres.

lundi 8 novembre 2010

Le Goncourt à Michel Houellebecq


L´Académie Goncourt a annoncé aujourd´hui l´attribution du prix littéraire le plus prestigieux de la littérature française au roman La carte et le territoire de Michel Houellebecq, publié aux éditions Flammarion.
Le roman est déjà un grand succès de librairie,ayant vendu plus de deux cent mille exemplaires depuis sa parution en septembre.
Vous pouvez retrouver sur le site de l´actualité des prix littéraires(www. prix-litteraires.net) la liste de tous les livres couronnés en 2010.

samedi 6 novembre 2010

In memoriam: Harry Mulisch(1927-2010)



J´ai retrouvé dans mes archives de la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne un petit article que j´ai écrit lors de la parution en poche de la traduction française du roman Siegfried, une idylle noire de l´écrivain néerlandais Harry Mulisch, décédé la semaine dernière. Cet article a été mis en ligne sur la site de la Nlf en mars 2006. Le voici donc en guise d´hommage à ce brillant écrivain tout à fait inconnu au Portugal.

«Sait-on que la langue néerlandaise est une des rares langues européennes qui n´aient jamais vu aucun de leurs auteurs être couronné du prix Nobel ? Et, pourtant, peu de pays en Europe, de dimension comparable à la Hollande ou à la Belgique, pourraient se prévaloir de posséder autant d´écrivains dignes d´être récompensés par cette distinction : Hugo Claus, du côté flamand ou, aux Pays-Bas, peut-être Hella Hasse, Cees Nooteboom et surtout Harry Mulisch, écrivain né en 1927. C´est d´ailleurs un livre de ce dernier que nous vous proposons : Siegfried, une idylle noire, que les lecteurs français ont pu découvrir en 2003 à l´occasion du Salon du Livre, consacré cette année-là à la littérature néerlandaise, et qui vient de reparaître en poche dans la collection Folio , chez Gallimard.

Le sujet du roman prête à polémique. Il raconte l´histoire d´un romancier, Rudolf Herter, qui, en voyage à Vienne, lors d´une conférence, est contacté par Julia et Ulrich Falk qui lui révèlent un secret : ils ont élevé le petit Siegfried, fils caché du Führer et d´Eva Braun. C´est que les Falk avaient été domestiques au Berghof, refuge bavarois de Hitler. Cette trame romanesque, entre fiction et réalité, se déroule à un rythme haletant, Mulisch allant jusqu´à imaginer un journal tenu par Eva Braun où elle aurait consigné les événements des derniers jours avant la chute de Berlin et le triste sort réservé au petit Siggi (diminutif de Siegfried).

La barbarie nazie est donc au coeur de l´ oeuvre de Harry Mulisch, peut-être aussi pour exorciser un peu le tourment suscité par ses origines : une mère juive et un père d´ascendance austro-hongroise qui a collaboré avec l´occupant nazi. Aussi s´interroge-t-il philosophiquement, à travers ses romans ( Noces de pierre , Attentat ou La découverte du ciel ), sur l´Histoire et le mal absolu. Cependant, Mulisch est aussi un essayiste éblouissant, ayant écrit sur les mouvements révolutionnaires hollandais ou le procès Eichmann (dont on parle encore de nos jours grâce au livre que lui a consacré Hanna Arendt) que Mulisch a couvert à l´époque (1961) pour l´hebdomadaire d´Amsterdam Elseviers Weekblad et dont on peut trouver le témoignage dans le livre L´Affaire 40/61.

Harry Mulisch, un nom à retenir et une invitation à la découverte de la littérature d´expression néerlandaise.»

vendredi 29 octobre 2010

Chronique de novembre 2010





Ricardo Piglia et son double.

Dans son essai« La multiplicación pigliana», le critique littéraire et essayiste espagnol Jorge Carrión évoque l´importance du chiffre deux dans l´œuvre de l´écrivain argentin Ricardo Piglia. Je me méfie toujours de ce genre d´analyse portant sur l´importance d´un nombre ou sur des analogies de la sorte. Toujours est-il qu´en l´occurrence Jorge Carrión a vu juste. En fait, comme il le rappelle dans cet essai, ce genre de dualité est présent le long de l´œuvre de ce grand écrivain argentin.

En effet Ricardo Piglia a un double ou plutôt un alter ego dans la plupart de ses œuvres, un dénommé Emilio Renzi, un hybride de journaliste et de détective qui enquête sur de grands événements ou de menus détails. Or, il se fait qu´Emilio Renzi se confond avec Ricardo Piglia lui-même qui se nomme effectivement Ricardo Emilio Piglia Renzi. Cette dualité déjà évoquée s´inscrit aussi dans une autre logique, celle des titres de ses œuvres constitués par deux seuls mots, normalement un nom et un adjectif : Nombre falso, Prisión perpetua, Formas breves, Respiración artificial, Plata quemada, Ciudad ausente, El último lector ou son dernier roman Blanco nocturno. Parmi ses titres, on n´en trouve que deux (encore le chiffre deux, curieusement) dérogeant à ce principe : La invasión (son premier livre de contes) et son recueil d´interviews Crítica y ficción(deux noms au lieu d´un nom et d´un adjectif).

En France, malgré un certain succès d´estime, Ricardo Piglia n´a que quatre livres traduits : Respiration artificielle chez André Dimanche éditeur, Argent brûlé et La ville absente chez Zulma et Le dernier lecteur chez Christian Bourgois. Néanmoins, son nom commence déjà à susciter un énorme engouement dans les milieux universitaires. En Espagne et, bien sûr, en Argentine, sa réputation ne fait que s´accroître.

Né en 1940 à Adrogué dans la province de Buenos Aires, Ricardo Piglia, comme son patronyme nous l´indique, est issu d´une famille d´origine italienne. Si son talent de romancier et de conteur est indiscutable, il est aussi de plus en plus reconnu comme un des essayistes les plus lucides en Argentine. Professeur de littérature latino-américaine à Princeton University aux États-Unis, où il occupait la chaire Walter S. Carpenter, Ricardo Piglia a consacré d´importantes études à des écrivains argentins parmi les plus réputés comme Domingo Faustino Sarmiento, homme politique, auteur du célèbre Facundo, Macedonio Fernandez, sur l´oeuvre duquel Piglia a écrit un Dictionnaire particulièrement documenté, Roberto Arlt et inévitablement Jorge Luis Borges. De Borges, Piglia semble tenir ce goût particulier pour la réécriture. Je viens d´achever d´ailleurs la lecture d´un livre remarquable intitulé J.L Borges : la vie commence(Éditions Le Cherche Midi) où l´auteur, Jean-Pierre Bernés, ancien attaché culturel de l´ambassade de France à Buenos Aires, qui a beaucoup fréquenté Borges et qui est en outre responsable de ses œuvres dans la Pléiade, nous rappelait justement cette prédilection du mage argentin pour la réécriture, la relecture et même la copie. Nous nous rappelons tous l´exemple de son personnage Pierre Ménard, lecteur de Cervantès, qui copie intégralement le Don Quichotte. Une fois achevée cette tâche singulière, son Don Quichotte semble plus parfait que l´œuvre originale de Cervantès.

Chez Borges, d´ailleurs, il faut mettre aussi en exergue l´importance du lecteur. Comme l´écrit Piglia lui-même dans un des textes de son magnifique essai El último lector«Chez Borges, l´action de lire articule l´imaginaire et le réel. On dirait mieux, la lecture construit un espace entre l´imaginaire et le réel et met à mal la classique opposition binaire entre illusion et réalité. Il n´y a à la fois rien de plus réel ni rien de plus illusoire que l´action de lire. Très souvent, le lieu où se croisent le rêve et la vigile, la vie et la mort, le réel et l´illusion est représenté par l´action de lire.»

Pour en revenir à la question de la copie, Borges écrivait dans une lettre à son ami majorquin Jacobo Sureda en 1921« La vie se copie elle-même». Dans la même veine, Piglia pourrait faire sienne, selon Jorge Carrión, la devise «Mes textes copient d´autres textes et se copient eux-mêmes», une phrase qu´il aurait pu écrire dans un e-mail fictif. Tant et si bien que d´aucuns vont jusqu´à parler de l´œuvre de Piglia comme d´un palimpseste.

Quoi qu´il en soit, l´œuvre de Piglia compte parmi les plus stimulantes et originales que l´on eût pu connaître ces derniers temps et en écrivant ceci je ne pense pas qu´à la littérature hispanique. Son premier livre La Invasión date de 1967, mais selon un procédé cher à l´auteur, comme nous l´avons vu plus haut, une nouvelle édition en est parue en 2006, c´est-à-dire, en quelque sorte une réécriture. Aux dix contes de la version originale (révisés par l´auteur), Piglia en a rajouté cinq récits publiés autrefois dans des revues littéraires et deux inédits. Dans la quatrième de couverture de l´édition de 2006, publiée chez Anagrama(où toute l´œuvre de Piglia est en cours de publication), on nous annonce que réécrire des histoires anciennes dans le but qu´elles demeurent les mêmes est une utopie littéraire plutôt bénévole de même que celui qui récrit des récits conçus dans le passé n´est plus la personne qui les a écrits autrefois.

Ce livre a en épigraphe- et c´est là aussi une des subtilités de Piglia, celle de savoir choisir des épigraphes- une phrase admirable de Roberto Arlt : «Il nous est revenu, à nous, la mission d´assister au crépuscule de la pitié» et l´on trouve parmi les histoires qui le composent des fictions historiques, des portraits d´obscurs perdants de la vie et d´émouvantes histoires d´enfance.

Dans un autre livre, Prisión perpetua, Piglia nous présente deux nouvelles qui développent toutes les variantes possibles de la narration : l´autobiographie, le récit historique, la fiction théorique, le journal ou le conte fantastique parce que selon un des personnages même du livre« Raconter c´est comme jouer le poker, tout le secret consistant à faire semblant de mentir alors que l´on dit la vérité» Un des personnages, Stephen Stevenson, a consacré son labeur à construire une réplique en miniature de l´ordre du monde, enfermé en une chambre d´hôtel où il écrit son journal. Là encore en épigraphe une belle phrase, cette fois-ci de Mark Rothko : «I don´t express myself in my painting. I express my not-self».

Dans Respiración artificial, considéré à juste titre par nombre d´observateurs comme un des dix meilleurs livres de la littérature argentine, Piglia à travers son alter ego Emilio Renzi efface les frontières entre littérature et histoire et entre réalité et fiction, dans un roman où l´on voit pointer sous une foule de personnages l´ombre cachée de Gombrowicz à travers la figure d´un certain Tardewski.

Dans un autre grand roman, La ciudad ausente, Ricardo Piglia met en scène la ville comme un roman. Il s´agit en quelque sorte d´un Buenos Aires transfiguré ou défiguré qui se fait l´écho de l´œuvre de ses écrivains majeurs dans un registre où la voix de Joyce est subtilement convoquée.

Enfin, dans son tout dernier roman, Blanco nocturno, paru en Espagne début septembre, Piglia nous raconte l´histoire d´un étrange voyageur Tony Durán, né à Porto Rico, élevé comme un Nord- Américain à New Jersey et qui a été assassiné au début des années soixante-dix dans un village de la province de Buenos Aires. Tony Durán s´était déplacé en Argentine pour suivre deux sœurs jumelles (encore l´ironie du chiffre deux ?) qu´il avait connues aux États-Unis. Tony se voit plongé dans un quotidien provincial où une foule de situations mènent à son meurtre. Emilio Renzi le double de Piglia réapparaît ici dans le rôle de journaliste, détective et confident d´une des sœurs jumelles qu´il avait connue autrefois.

Dans ce dernier roman, Piglia change un peu de registre pour ce qui est du décor de l´intrigue. Il échange le monde urbain, visible dans les autres fictions, contre le monde rural. Il a justifié l´option prise cette fois-ci dans une interview accordée à Pablo Gianera du quotidien argentin La Nación : «J´avais le souvenir des nuits de mon enfance à la campagne. Ceci implique un autre rapport au paysage et aussi aux personnages qui n´est pas pareil à celui de la ville. Imaginons que des gens ont une conversation comme celle que nous avons ici pendant l´après-midi. À la campagne il est possible que cette même conversation soit reprise dans la soirée. Or ceci est une chose qui pourrait difficilement se reproduire en ville.»Piglia veut traduire par là que les personnages auront donc une autre épaisseur et une autre dimension et dans cette fiction il a voulu privilégier les personnages plutôt que l´intrigue. De son propre aveu des personnages qui aident à définir l´action :«L´intrigue se construit autour des personnages(…).Par exemple, il y a eu un crime parce qu´il y avait un commissaire.» Le commissaire Croce est d´ailleurs un des personnages les plus stimulants de ce roman, un homme qui triomphe intellectuellement mais qui finit défait judiciairement, comme l´affirme à juste titre Pablo Gianera.

Une des parties les plus intéressantes de cette interview est néanmoins celle où Piglia se permet une remarque à l´héritage de Jorge Luis Borges : « Je voudrais bien que l´on puisse se rendre compte qu´il n´y a pas un seul modèle pour faire de la littérature. Cette idée nous renvoie à ce qu´il y a de plus négatif dans l´héritage de Borges. Il croyait qu´il n´y avait qu´une seule manière, une manière qui d´une part excluait Proust et qui d´autre part incluait tous les autres. Pour lui, Chesterton et Stevenson étaient supérieurs à Proust ou à Joyce. C´était une opinion courageuse et il avait tout le droit de la défendre, je ne peux pas l´en blâmer. Pourtant, il me semble que ce n´était pas du tout pertinent qu´il eût pu dire que c´était ça la littérature. Borges a donc fini par permettre que l´on eût assimilé un modèle unique. Cette posture n´aide nullement aux conversations et aux tensions entre les poétiques. Au contraire, elle permet que s´installent des exclusions absolues».

De ces fictions de Piglia, l´ironie n´est pas non plus absente et à l´instar de ce qui s´est produit un jour avec un livre d´ Enrique Vila-Matas (voir la chronique de mai 2010*), j´ai aussi une petite histoire avec un livre de Piglia. Il y a trois ans, à peu près, j´ai découvert sur le site du magazine mexicain Letras Libres, un entretien fort intéressant entre Ricardo Piglia et l´écrivain mexicain Juan Villoro. À un moment donné, Piglia rappelle à propos de l´importance du lecteur un épisode de son enfance, à l´âge de quatre ans où il ne savait ni lire ni écrire encore. Pourtant, il a pris dans la bibliothèque de son père un livre de couverture bleue qu´il tenait à la main assis près de la gare d´Adrogué. Alors, quelqu´un est passé par là et lui a dit qu´il tenait le livre à l´envers. Quelques semaines plus tard, j´ai commandé quelques livres en espagnol dont Plata Quemada de Ricardo Piglia. Or, une malencontreuse erreur d´imprimerie a fait qu´entre la page 141 et la page 166 je ne puisse lire le livre qu´à l´envers ! Malheureusement, il ne m´est jamais venu à l´esprit l´idée de m´asseoir près d´une gare quelconque de Lisbonne et lire ces pages-là du livre Plata Quemada. Peut-être que je me serais senti un personnage d´une fiction de Piglia…

Œuvre d´intelligence et de subtilité, les livres de Piglia ont suscité chez le journaliste de El Periódico, Ricardo Baixeras un des commentaires traduisant le mieux l´importance de cet écrivain argentin dans la littérature contemporaine : «Un jour on saura bien ce que l´on lisait avant, quand on ne lisait pas encore Ricardo Piglia».


*À la suite de cette mise en ligne, ce blog et l´ article sur Enrique Vila-Matas ont eu droit de cité sur le site de l´écrivain espagnol (www.enriquevilamatas.com) dans la rubrique «Une page française».

P.S(le 4 juin 2011)- Le roman Blanco Nocturno s´est vu décerner le 2 juin 2011 le prestigieux prix Rómulo Gallegos.